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Chairs mortes
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4 août 2005

Assauts

Elle n’aimait pas lire. Elle proclamait aimer lire. Faire c’était se dire. Ce disant elle ne lisait pas. Pas plus qu’elle ne mangeait, qu’elle n’écoutait ou ne sortait. Tusaiscommej’adorelire. Il aurait aimé en appeler au silence. A cet instant, comme jamais il se figurait faire face. Lui faire face, faire face à celle-là ou à cette autre qu’il imaginait déjà. Oser un taistoi. Un laisse moi découvrir ce que tu serais. Au bonheur de me tromper, de me leurrer. Il s’était bien leurré. Il ne lui semblait pas s’être grisé de toutes ces vides envolées. Avait-il été dupe ? Oui sans doute. Sans doute oui. Peut-être avait-il aimé ces vains bavardages. Peut-être écrasaient-ils les silences de celle qui ne disait. Qui ne savait se dire quand je ne sais pas. Celle qu’il avait imaginé profonde parce que si hésitante, si réticente à se dire. Il s’était bien leurré à celle-là, à cette autre. Il comblait alors les vides de toutes les hésitations.  N’a-t-on le choix qu’entre silence et assauts ?

-.-

      Je m’imagine parfois avec effroi ne rien pouvoir retenir de tout cela. Rien retenir de tous ceux-là. Ne rien garder de toutes celles-là. L’effroi de ce qui ne laisserait pas même le souvenir d’un parfum au bout des doigts. Là gît peut-être la tentation de l’écriture. Redoubler les esquisses d’un peu d’huile pour faire fond à une vie qui ruisselle. Ai-je fait autre chose ? Tenter de donner quelque échos à ce qui ne pouvait trembler ? Lui suis-je moins pitoyable ?

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