Se vider

Une nausée sans ancrage se rabat peu à peu sur la bronchite au long court qui m’assaille depuis des jours. L’instant maladif s’entremêle à la lame de fond. L’instant d’un petit-déjeuner a fait basculer tout à fait ce qui n’était que coloration. La nausée d’un je suis tout en vain bavardage, l’écœurement des mots qui recouvre une langue pâteuse. La blancheur des papilles et le congé de tout appétit. Nous sommes tant à n’écrire que sous l’assaut du désespoir ; à nous juger profond parce que malheureux, alors que nous tentons simplement de donner quelque échos à une chute sinon sans lest. C’est comme se tirer une balle dans la bouche pour donner une mesure à l’étouffement. Ca fait un grand boum mais l’on s’étrangle tout autant. Pourquoi donc l’avoir accueilli ? Pour ne pas se contenter de l’amertume et viser cet instant où l’on se vide tout à fait ? Comme ce verre de trop qui conduit à se vider la gorge au-dessus d’une cuvette crasseuse ? Pour pouvoir croire un instant de plus à l’ivresse ? Une part de soi que l’on abandonne pour se dire que l’on a réchappé…